Le verdict définitif ne sera donné qu’en mai 2012 : Nicolas Sarkozy réussira-t-il comme François Mitterrand et Jacques Chirac à se faire réélire pour un second mandat ? Ou alors, connaîtra-t-il plutôt le destin de Valéry Giscard d’Estaing, à savoir ne pas être réélu ?
Il était une fois…
Il était une fois un ministre ambitieux de la Cinquième République à l’ego certain. Assez tôt dans ca carrière, il semblait évident qu’il irait loin. D’ailleurs, il accéda très jeune à de hautes responsabilités ministérielles. Très rapidement, il fut clair qu’il serait candidat pour succéder au vieux lion alors au pouvoir, qu’il soutenait non sans avoir occupé une place assez indépendante au sein de sa majorité, n’hésitant pas à rompre le rang à des moments pourtant importants.
Ce surdoué fit une campagne de « changement dans la continuité » (« rupture tranquille » ?), souhaitant moderniser la vie politique Française, la décrisper. Au premier coup, il fut élu, contre tous les pronostics. Il voulait incarner une nouvelle façon de faire la politique, être un président davantage présent, qui ne serait pas seulement un arbitre un peu lointain et économe de sa parole. Bien au contraire, il n’hésitait pas à gouverner à la place de son premier ministre et de son gouvernement.
Même s’il prétendait s’ouvrir à d’autres en recrutant des ministres hors de sa majorité, le président se renferma rapidement sur son cercle de proches, refusant d’écouter une partie importante de sa majorité qui lui devenait de plus en plus hostile. Assez rapidement, il perdit tout contact avec la réalité et se vit infligé de lourdes défaites lors des élections locales. Pourtant, il pensait être réélu mais il fut battu lors des élections présidentielles suivantes, défaite dont il ne se remit jamais.
Des parallèles frappants
Bien sûr, il y a des différences importantes entre Nicolas Sarkozy et Valéry Giscard d’Estaing et leur parcours n’est pas exactement le même. Pourtant, les parallèles sont frappants. Ils ont tout deux été élus à leur première candidature, alors que les deux présidents qu’ils encadrent ont attendu la 3ème fois pour accéder à l’Elysée. Il est vrai en revanche que sur le fond, il y a de vraies différences entre les deux présidents les plus jeunes de la Cinquième République.
En fait, si le parallèle n’a pas trop de sens sur le fond, il est étonnant de vérité sur la forme. L’omni-présidence de Nicolas Sarkozy n’est absolument pas une nouveauté. Elle n’est que le décalque de celle de Valéry Giscard d’Estaing, qui ne laissait guère plus de place à son Premier Ministre qu’à François Fillon. Alors que François Mitterrand et Jacques Chirac se sont davantage inscrits dans la tradition gaulliste de retenue, ils ont également préféré le soleil des médias, quitte à s’en brûler les doigts…
Du coup, peut-on prédire un destin similaire à l’actuel locataire de l’Elysée, à savoir le refus d’un deuxième mandat par les Français ? L’autisme dont semble faire preuve Nicolas Sarkozy et sa coupure grandissante avec le pays, qui s’amplifie par la déconnexion entre ses discours et ses actes parvient même à faire remonter la cote d’un Parti Socialiste pourtant toujours dominé par des éléphants guère appréciés par les Français et dont on peine à percevoir le projet.
A la base, Nicolas Sarkozy est un fils politique de Jacques Chirac. Mais plus le temps passe, et plus il se rapproche de Valéry Giscard d’Estaing. La conclusion de son aventure pourrait bien suivre le chemin de son inspiration...
Laurent Pinsolle